L’exposition Danser sur les volcans, fruit de près de 40 ans de travail du photographe Éric Vazzoler, nous ouvre tout un univers dans une sorte d’inventaire à la Prévert : celui des invisibles et des oubliés, des mis de côtés et des déracinés, des écorchés et des inadaptés, toute une partie de l’humanité dont l’artiste se fait le héraut. Ces portraits ont été réalisés en Ukraine, et même récemment pendant la guerre, mais aussi au Kazakhstan, en Russie et dans de nombreux autres pays de l’Est, contrées qu’il affectionne tant. Il y a beaucoup de fierté dans ces regards, quelque chose de très touchant dans cette douleur sourde et contenue, la présence de cette mélancolie douce qui n’est pas exacerbée mais digne. L’auteur pénètre comme personne les insondables mystères de la psychologie humaine et sait donner suffisamment confiance à ses interlocuteurs pour qu’ils lui livrent des morceaux de vérité, d’authenticité. C’est très beau et émouvant.
Le photographe s’astreint à un protocole strict de prise de vue, avec le format vertical, et concentre son propos à l’essentiel : ses héros. Une invitation à l’altérité, le poids d’un handicap dont on se libère, une communion qui nous agrège à ces instants de vie, et nous dévoilent une intimité.
Enfin, et comme un clin d’œil à l’actualité, une place est faite aux pratiques sportives. Le sport dans son essence, dans sa substance vitale et collective, dans le combat que se livrent des individus avec eux-mêmes, mais aussi du bonheur de faire corps, ensemble. Une belle métaphore de la vie.
Témoin d’une réalité souvent laissée dans l’ombre, le photographe humaniste nous en offre une vision pleine de vitalité joyeuse. Et quand, tout autour le monde invite au chaos, et par-delà les multiples pesanteurs, il reste toujours ce petit supplément d’âme qui nous interpelle et nous invite à danser sur les volcans.