« En quelques annĂ©es, Yves Iffrig a tracĂ© une ligne dont lâexceptionnelle cohĂ©rence singularise une certaine vision de lâart : elle concilie radicalitĂ© et plaisir des formes dans ce qui apparaĂźt comme un Ă©loquent plaidoyer pour la crĂ©ation contemporaine. Nul doute que lâinvitation qui lui est faite aujourdâhui dans lâespace dâexposition dâune grande Ă©cole dâart française a toute sa lĂ©gitimitĂ©. Elle illustre combien, dans le champ de lâart actuel, la pratique artistique peut sâapproprier le rĂ©el pour produire des oeuvres qui se dĂ©tachent totalement de la source mĂȘme de leur inspiration, sans pour autant rompre totalement ce lien originel. Lâapproche nâest certes pas nouvelle, et lâhistoire de lâart est jalonnĂ©e de ces mises Ă distance.
Il nâempĂȘche quâYves Iffrig a su rĂ©unir autour de sa personne, et dans sa galerie, des plasticiens qui ont su pousser jusquâĂ leurs limites les plus inventives ces processus dâapparition des formes. Chacun dâentre eux a son propre territoire, son imaginaire personnel qui lâidentifient pleinement, mais tous partagent ce mĂȘme jeu avec la rĂ©alitĂ©, quâelle soit celle du sujet ou de la peinture dont Jean-Pierre Bertrand est sans nul doute un exemple trĂšs convaincant. Yves Iffrig tĂ©moigne de ce que lâart contemporain peut se rĂ©vĂ©ler sans concession, se nourrir de processus et rituels rigoureux, sans que les propositions finales ne soient totalement dĂ©sincarnĂ©es, vides de tout enchantement. Car il y a toujours dans les expositions montĂ©es par Yves Iffrig un regard que traversent poĂ©sie, mystĂšre et, risquons le mot, beautĂ©.
Que Strasbourg compte en ces murs une galerie dâune telle qualitĂ© est une chance. » Serge Hartmann